Intervention de M. Emmanuel ISSOZE NGONDET Premier Ministre, Chef du Gouvernement à l’occasion de sa rencontre avec le MEDEF – International/CIAN

Paris, le 24 mars 2017

 
 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Chefs d’Entreprises,

Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’accueil qui est réservée à ma délégation et à moi-même.

L’organisation de cette rencontre m’offre l’opportunité d’échanger avec VOUS, investisseurs français, sur les voies et moyens tendant à densifier davantage notre partenariat au moment où le Gabon entreprend de redynamiser son programme de développement.

Le 8 avril 2015, à l’occasion de sa rencontre avec le Comité Afrique du Mouvement des Entreprises de France, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République gabonaise confirmait son ambition de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025.

Par la même occasion, il indiquait que le concours du secteur privé, notamment français, dans la transformation de l’économie gabonaise, devait être déterminant.

Toutefois, il remarquait, pour le déplorer, la prudence, voire la frilosité, de nos partenaires français à soutenir clairement cette démarche.

 

Mesdames et Messieurs,

La France, comme vous le savez, demeure sur le plan des échanges commerciaux, notre premier partenaire économique. La présence au Gabon de ses 125 sociétés est très visible et très appréciée.

Aussi, le Gabon par ma voix, estime-t-il, que quel que soit la nature des difficultés rencontrées par ces sociétés, il nous faut maintenir nos relations économiques tout en les adaptant à l’évolution du monde.

Nous sommes conscients que depuis 2015, la forte chute des revenus de l’Etat a été préjudiciable aux performances de l’économie gabonaise mais également à celles des entreprises locales notamment françaises, évoluant dans les secteurs du pétrole et des BTP.

Fort heureusement, à l’instar de l’économie gabonaise, certaines entreprises françaises ont mieux résisté que d’autres, car mieux intégrées. D’autres en revanche, ont dû procéder à des ajustements et des recentrages de leurs activités pour continuer à contribuer au développement du pays.

Je voudrais dire merci aux investisseurs qui n’ont pas quitté le navire en ces moment-là.

Au cours des sept prochaines années, le Gabon œuvrera à intensifier son partenariat avec la France. Mais cette densification, vous vous en doutez, passera nécessairement par le renforcement de nos relations politiques. Il nous faut alors réactiver, repenser ou affermir tous les mécanismes appropriés visant ce but.

 

 

 

 

 

Mesdames et Messieurs,

Grâce aux réformes fondamentales ayant porté sur les secteurs clés tels que les finances publiques, la modernisation de l’administration et de la sécurité, notre économie est devenue plus résiliente. Elle a su absorber le choc de la chute des prix du pétrole.

Le Gouvernement a ainsi, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, entrepris d’insuffler une dynamique nouvelle à la mise en œuvre du Plan Stratégique Gabon Emergent. C’est tout le sens de son Plan de relance économique triennal 2017-2019.

Celui-ci vise le redressement des finances publiques et des comptes monétaires extérieurs. Il vise également à favoriser la compétitivité et l’attractivité des filières afin de lutter contre la décélération de la croissance.

Nous envisageons de conclure très prochainement avec le Fonds Monétaire International un programme qui s’inspire du Plan de Relance Economique.

Restaurer la viabilité des finances publiques, améliorer l’environnement des affaires et l’accompagnement des filières stratégiques, développer les capacités productives du pays, tels sont les axes sur lesquels reposeront nos interventions sur les trois prochaines années.

Renforcer l’inclusion de notre économie, c’est valoriser le potentiel énorme dont dispose le Gabon à travers les filières de l’agriculture, de la pêche, du bois, du tourisme….

C’est également et surtout de réunir les conditions qui permettent une remontée dans la chaine de valeur par le processus de transformation locale de nos matières premières, et d’exportations diversifiées.

Je vous invite en conséquence à porter toute votre attention et orienter vos interventions vers ces secteurs à fort potentiel.

 

Mesdames et Messieurs,

Pour rendre le Gabon attractif aux investisseurs, nous avons l’obligation de poursuivre la modernisation des infrastructures.

Le Gabon s’ouvre au monde comme la France aussi. La transformation de son économie, loin de léser les investisseurs français, devrait leur donner plutôt de nouvelles opportunités. Ceci pour asseoir des Partenariats public privé au profit desquels le Gouvernement s’attelle à finaliser la mise en place du cadre organisationnel et juridique dédié.

Nous vous invitons donc à nous rejoindre dans cette œuvre de modernisation de notre pays.

 

Mesdames et Messieurs,

Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA a placé le dialogue public privé au centre de notre stratégie de promotion du secteur privé et d’attractivité des investisseurs directs locaux et étrangers.

Pour soutenir cette ambition, nous sommes ouverts à la discussion, aux échanges basés sur la confiance mutuelle et portant sur des sujets qui participent à l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la transformation économique du Gabon.

Tel est le sens du Haut Conseil pour l’Investissement dont les premières assises se sont tenues le 20 février dernier à Libreville, sous la présidence du Chef de l’Etat.

Des questions en lien avec la dette publique intérieure, l’amélioration de l’environnement des affaires et du fonctionnement de la justice ainsi que de la compétitivité filière, ont été largement débattues entre les acteurs public et privé.

Ces préoccupations, j’en suis sûr, sont également les vôtres. Leur traitement continuera à faire l’objet de toute notre attention.

Des mesures prioritaires seront donc prises en compte par le cadrage budgétaire révisé 2017. Le Gouvernement compte accélérer le rythme des réformes pour accroître le bénéfice de la croissance économique en faveur des entreprises et des investisseurs, ainsi que de nos populations dont il est essentiel d’assurer les conditions de bien-être.

 

Mesdames et Messieurs,

Longtemps, nous avons pensé que l’attrait des investisseurs passait par l’octroi des régimes de faveur et dérogatoires.

Mais ces monopoles et ces exclusivités accordés à de nombreuses entreprises ont plutôt favorisé la consolidation des rentes et n’ont pas entrainé des progrès significatifs, en termes de diversification des activités et de création d’emplois.

De même, la concentration des investissements directs dans certains secteurs exportateurs n’a pas contribué de manière concrète à une croissance stable, durable et surtout favorisant la réduction de la pauvreté.

Que dire de ces libertés prises par certains exportateurs avec la règlementation en matière de changes ? Alors que nous avons tous besoin de renforcer les réserves et partant, la solidité du Franc CFA, les recettes d’exportation n’ont pas souvent été rapatriées et domiciliées dans les banques au Gabon.

Nous avons donc décidé de changer de paradigme, et c’est avec vous que nous devons le faire.

Le Plan de Relance Economique prévoit de réaménager le dispositif d’octroi des régimes dérogatoires en faveur de la promotion des filières porteuses de croissance, vers lesquelles je vous exhorte à diriger vos investissements.

Nous encourageons la diversification des partenaires et la concurrence qui emmèneront in fine, une amélioration de la compétitivité desdites filières et du pouvoir d’achat des ménages.

Nous luttons contre les dysfonctionnements qui écornent la bonne gouvernance sur la chaine de la dépense publique. Aussi, avons-nous entrepris d’être plus regardant sur les marchés publics pour ancrer la culture de la concurrence.

Plus généralement, l’instauration d’un cadre macroéconomique sain dont ont grandement besoin les investisseurs, se situe au cœur des mesures visant la relance de notre économie.

Je suis accompagné de quelques membres de mon Gouvernement disposés, si vous le souhaitez, à vous apporter des précisions sur notre potentiel économique, sur les axes des réformes ou concernant tout autre aspect portant sur vos opérations actuelles et à venir au Gabon.

En réaffirmant la volonté du Gabon d’affermir son partenariat avec les milieux d’affaires français, je confirme la disponibilité du Gouvernement à être à votre écoute, tout en vous invitant à renforcer votre présence au Gabon pour un partenariat au bénéfice de toutes les parties.

Je ne puis terminer mon propos sans vous dire un mot sur le volet politique national.

En effet, dans quelques jours, le Gabon vivra au rythme du Dialogue Politique voulu par le Chef de l’Etat.

C’est un cadre au sein duquel, les gabonaises et les gabonais vont se prononcer sur la façon dont ils conçoivent le Gabon de maintenant et de demain. Ils seront notamment amenés à réfléchir sur les institutions de la République, à donner leurs points de vue sur le dispositif électoral, à réfléchir sur les mécanismes les plus appropriés pour vivre en paix et garantir la cohésion nationale.

Trois mois durant, j’ai conduit les travaux préparatoires de cette rencontre. L’intérêt affiché par les hommes politiques de tous bords, l’engouement de la société civile, l’inscription massive des associations multiformes au cours de cette phase préparatoire, nous inclinent à croire en de lendemains meilleurs.

 

Ainsi donc, en plus de notre vaste potentiel économique, vous trouverez chez nous une législation des affaires incitative ainsi qu’un environnement social paisible et rassurant.

Voilà le Gabon, Mesdames et Messieurs, dans lequel nous vous invitons à investir.

Je vous remercie.